ALPHONSO
« Je suis originaire de Tampa, en Floride, où je suis né en 1967. J'ai toujours été une personne créative et j'ai toujours voulu être sur scène ou au moins avoir l'attention de tout le monde. À Toronto, je suis connu sous les noms de DJ Relentless et aussi de Jade Elektra, l'artiste drag. Je suis aussi connu pour mon activisme dans la lutte contre le VIH/sida. Mon mari et moi organisons des événements pour créer des espaces sécuritaires pour la communauté séropositive et pour recueillir des fonds pour des organismes de lutte contre le sida de la région et pour faire connaître ces organismes. »
« Malheureusement, j'ai été agressé par un oncle de 7 à 10 ans. Je crois que cette période a façonné mon comportement, ma santé sexuelle et mon attitude à l'adolescence. J’avais de très nombreux partenaires sexuels à 16 ans lorsque j'ai quitté la maison pour aller habiter seul. En Floride dans les années 80, il n'y avait pas beaucoup d'information sur le sida. Et même si j'avais tendance à avoir des rapports sexuels protégés, c'est un préservatif qui s'est déchiré qui a déclenché en 1989 mon parcours en tant que personne vivant avec le VIH. »
« J'ai reçu mon diagnostic en 1990. Il y a eu beaucoup de changements depuis. Pendant la première année et demie, j'ai cru que j'allais mourir et j'avais prévu de faire un emprunt bancaire pour faire tout ce dont j'avais toujours rêvé. Mais j'ai compris que je serais probablement en bonne santé et endetté pour le reste de ma vie. Alors j'ai abandonné cette idée et j'ai commencé à poursuivre mes rêves. »
« J'ai déménagé à New York avec la copine d'un ex au printemps 1992. Elle s'appelait Grace et elle m'a aidé à obtenir mon premier emploi et m'a présenté le quartier de Times Square. C'était toute une éducation pour un gars venant d’une petite ville du Sud. Grace était séropositive aussi et m'a en quelque sorte dit comment survivre dans les fissures d’un système de santé inadéquat. »
« Je n'ai pas vraiment suivi de traitement jusqu'en 2002, lorsque mon diabète s'est aggravé. C’est en fait à ce moment que j’ai appris que j'avais le diabète, et c’est probablement cette maladie qui a entraîné le déclin de mon taux de lymphocytes T en 2005. Le médecin que je voyais au Callen-Lorde Centre de Chelsea m'a dit que mon compte de lymphocytes T était tombé en dessous de 200 et que je devais absolument commencer à prendre des médicaments. J’ai donc entrepris un traitement sans tarder. Mes taux ont grimpé jusqu'à environ 500 au cours des deux premiers mois. »
« Je suis arrivé à Toronto en 2009. Pendant mes huit premières années ici, la Toronto People with AIDS Foundation (PWA) a été une importante source de soutien pour moi. Leur banque alimentaire nous a grandement aidé à survivre, mon mari et moi.
« J'avais des contrats de DJ ici et là, et quelques spectacles de drag queen, mais rien de solide en ce qui concerne le travail. J'ai finalement obtenu le statut de résident permanent en 2015, ce qui m'a permis de me trouver un médecin ici. Jusque-là, je retournais aux Etats-Unis tous les trois mois pour voir mon médecin à Callen-Lorde. »
« Le VIH/sida est une maladie complexe qui affecte chaque personne différemment. Il est important que la recherche sur la maladie se poursuive. J'ai survécu de nombreuses années sans aucun traitement alors que d'autres sont mortes alors qu'elles prenaient des médicaments. L'éducation est également si importante - surtout pour nos jeunes. Même si les médicaments maintiennent les gens en vie, il y a tellement plus à faire pour les soutenir - mentalement et physiquement. »
« Pour moi, la Journée mondiale du sida est l'occasion de me souvenir de ceux qui ne sont plus parmi nous et qui se sont battus pour améliorer la vie des personnes qui vivent avec cette maladie. C'est une journée de sensibilisation dans le monde entier mais je crois que ce devrait être aussi une journée de célébration pour ceux d'entre nous qui sont touchés par le VIH. Pour célébrer le fait que nous sommes toujours là.